ROMANIAN ACADEMY INSTITUTE OF ARCHAEOLOGY IAȘI STUDIA ROMANA ET MEDIÆVALIA EUROPÆNSIA MISCELLANEA IN HONOREM ANNOS LXXXV PERAGENTIS PROFESSORIS EMERITI DAN GH. TEODOR OBLATA Ediderunt Dan Aparaschivei George Bilavschi EDITURA ACADEMIEI ROMÂNE MUZEUL BRĂILEI „CAROL I” EDITURA ISTROS Bucureşti – Brăila 2018 Copyright © 2018, Editura Academiei Române, Editura Istros a Muzeului Brăilei „Carol I” Address: EDITURA ACADEMIEI ROMÂNE Calea 13 Septembrie nr. 13, sector 5, 050711, Bucureşti, România Tel. 4021-3188146; 4021-3188106; Fax 4021-3182444 E-mail: edacad@ear.ro Address: EDITURA ISTROS A MUZEULUI BRĂILEI „CAROL I” Piaţa Traian nr. 3, 810153 Brăila, România Tel./Fax 0339401002; 0339401003 E-mail: sediu@muzeulbrailei.ro Descrierea CIP a Bibliotecii Naționale a României Studia Romana et Mediævalia Europænsia. Miscellanea in honorem annos LXXXV peragentis Professoris emeriti Dan Gh. Teodor oblata / ediderunt: Dan Aparaschivei, George Bilavschi - Bucureşti: Editura Academiei Române; Brăila: Editura Istros a Muzeului Brăilei „Carol I”, 2018 ISBN: 978-973-27-3012-6 ISBN: 978-606-654-312-5 I. Aparaschivei, Dan (ed.) II. Bilavschi, George (ed.) 902 082.2 DEUX APPLIQUES DE SELLE POST-HUNNIQUE PROVENANT DE JALPUG (DELTA DU DANUBE) : PARALLELES ET DATATION Michel Kazanski Abstract: This study is devoted to saddle plates discovered in Jalpug, near the mouth of the Danube. The examination of their parallels and their dating shows that Jalpug's saddle plates belong to an oriental type, existing exclusively in Eastern Europe (Volga, Urals, North Caucasus, Crimea), above all in the nomadic steppes, from the middle of the 5th century. The richness of the tomb and the high quality of the work show that these items imply a "princely" rank and they were probably produced in Byzantine workshops. This discovery may be ascribed to Huns, more precisely to survivors of "Attila’s Empire", or to Bulgarians. Keywords: Saddle, Huns, Bulgarians, Pontic Steppes, Post-Hunnic Period Cette étude est consacrée aux plaques de selle provenant de la découverte « princière » de Jalpug, près de l’embouchure du Danube. L’examen de leurs parallèles et de leur datation contribuera à l’identification chronologique et culturelle de cette découverte. Il s’agit d’une découverte fortuite de 2006, suivie de fouilles clandestines. On sait que le site se situait la rive droite du lac Jalpug (Ялпуг) (aujourd’hui dans le district d’Izmaïl, province d’Odessa, Ukraine). La bordure du lac est actuellement détruite par l’eau. D’après leurs inventeurs, les objets auraient été découverts dans l’eau1. Ils avaient été déposés dans un calice en bronze (d.-35 cm, h.-10 cm), avec deux anses ornées de  Centre National de la Recherche Scientifique, UMR 8167 « Orient et Méditérranee », France ; michel.kazanski53@gmail.com. 1 PALAMARTCHUK, FOKEEV 2011; DZIGOVSKY, SAVELIEV 2013; LEVADA, SAVELIEV 2017. 169 DEUX APPLIQUES DE SELLE POST-HUNNIQUE PROVENANT DE JALPUG têtes de cygnes2. La plupart des objets mis au jour a disparu, quelques-uns ont abouti dans des collections privées3. La découverte comportait, toujours d’après ses inventeurs, au moins 49 objets, dont une grande partie en or, portant un décor cloisonné en grenats et en turquoise (Fig. 1)4. Ce sont des décors d’armes à lame, des boucles et plaques-boucles, deux appliques de selle (Fig. 2.3-6), des appliques circulaires provenant probablement d’un harnachement, des appliques en forme de lion provenant très probablement de l’arçon d’une selle (Fig. 2.1,2)5, des éléments de répartition de courroies, des fragments de mors à canon bimétallique et des tenons de brides allongés ainsi que des ferrets6. Les objets ont été identifiés à juste titre par M. Levada et O. Saveliev, d’après leurs parallèles dans le mobilier des fameuses tombes privilégiées de Tournai et d’Apahida, comme appartenant à la deuxième moitié du Ve siècle, c’est-à-dire à l’époque post-hunnique. Il s’agit très probablement d’une production d’ateliers byzantins, peut-être même de Constantinople7. Le caractère nettement « byzantin » de ces objets a même poussé certains chercheurs à supposer que ce mobilier a appartenu à un Barbare au service de Rome8. Le caractère du site paraît cependant moins claire. Les objets peuvent provenir d’une tombe9, mais il n’est pas exclu qu’il s’agisse d’un dépôt à caractère commémoratif. Ces dépôts sont bien connus chez les nomades de la steppe pontique, notamment à l’époque post-hunnique10. En revanche, la richesse du mobilier découvert ne laisse pas de doutes quant au niveau social très élevé de son propriétaire. Il est bien possible que ce site de rang « princier » marque l’existence d’un centre de pouvoir apparu dans les steppes du BasDanube après la chute de l’« empire » d’Attila11. La présence d’une selle richement 2 Palamartchuk, Fokeev 2011: 366. 3 Par ex. LEVADA, SAVELIEV 2017: Fig. 2. 4 170 Je remercie Oleg Savielev de m’avoir fourni les photographies originales de sa publication DZIGOVSKY, SAVELIEV 2013. 5 Voir à ce propos KISS 1984: 195-198; AKHMEDOV 2012: 40, 41. 6 PALAMARTCHUK, FOKEEV 2011: 366-370; LEVADA, SAVELIEV 2017. 7 LEVADA, SAVELIEV 2017: 88. 8 PALAMARTCHUK, FOKEEV 2011: 371, 372. 9 DZIGOVSKY, SAVELIEV 2013: 703; LEVADA, SAVELIEV 2017: 88. 10 Voir par ex. BEZUGLOV, ILIYOUKOV 2006: 37. 11 LEVADA, SAVELIEV 2017: 88. Michel Kazanski ornée est typique des tombes privilégiées de l’époque des Grandes Migrations, aussi bien chez les nomades steppiques que chez la population sédentaire12. En ce qui concerne son attribution culturelle, elle n’est pas facilitée par le mobilier «princier» à caractère international. En effet, la production des ateliers byzantins arrivait sous forme de cadeaux diplomatiques13 ou de butin de guerre chez les différents peuples barbares, notamment germaniques, slaves, alains ou hunnobulgares. Cependant, la position géographique de Jalpug suggère l’attribution de ce matériel aux nomades steppiques, Huns ou Bulgares (voir infra.). Les appliques de selle provenant de Jalpug (Fig. 2.3-6), attirent spécialement l’attention, car elles peuvent apporter quelques précisions sur la datation et l’attribution culturelle de cette découverte. Ces deux plaques triangulaires allongées en or portent sur leur surface un décor cloisonné en écaille (très probablement en grenats). D’après leur forme, ces plaques appartiennent au type Zasetskaya Ib (Fig. 3). Ce type réunit les plaques de selle de forme vaguement triangulaire allongée, où la hauteur ne dépasse pas un tiers de la longueur de base de triangle14. I. Akhmedov, qui a repris la typologie d’I. Zasetskaya, y a ajouté d’autres critères d’identification, tels que le décor et la technologie de fabrication. Selon lui, les appliques proches de celles de Jalpug forment le type 515. Cette forme Zasetskaya Ib - Akhmedov 5 est actuellement attestée uniquement à l’est de l’Europe, dans l’Oural, dans la région de la Volga et peut-être dans le Caucase du Nord et en Crimée orientale16 (Fig. 4). Citons d’abord la découverte la plus éloignée à l’est et la plus ancienne. Il s’agit d’une des deux plaques de selle provenant du tumulus 1 du site funéraire de Solontchanka (Солончанка) I (Fig. 5), dans l’Oural du Sud17. Le monument funéraire est constitué de quatre tumuli en pierre et de deux grands remparts formant un ensemble dont des parallèles sont bien connus chez les nomades 12 AKHMEDOV 2012: 40, 41; KAZANSKI 2017a: 204, 205. 13 Voir à ce propos ZASETSKAYA et al. 2007: 92-100. 14 ZASETSKAYA 1994: 46, Annexe 3. 5 ; ZASETSKAYA 1999 : 348-350; ZASETSKAYA et al. 2007: 143. 15 AKHMEDOV 2012: 25, 26. 16 Des plaques de selle triangulaire très proches, mais ayant une hauteur plus élevée, font partie du type Zasetskaya Ia (ZASETSKAYA 1994: 46, Annexe 3.1,2,4). C’est une version plus ancienne, de l’époque hunnique, attestée uniquement en Europe centrale et occidentale (Pécsüszög, Szeged - Nagyszéksós, Mundolsheim, peut-être Sobari). 17 TAIROV 1999. 171 DEUX APPLIQUES DE SELLE POST-HUNNIQUE PROVENANT DE JALPUG de l’Oural et du Kazakhstan18. Il s’agit très probablement d’un dépôt commémoratif, car le tumulus 1 ne contenait pas de restes humains. D’après son mobilier caractéristique, comme les plaques-boucles (Fig. 5.3,4,8), le tumulus 1 appartient à l’époque hunnique, plus précisément aux périodes D2 (380/400-440/450) et D2/D3 (430/440-460/470) de la chronologie du Barbaricum européen. Deux plaques triangulaires de selle y sont attestées. L’une, la mieux conservée, peut être classée parmi celles du type Zasetskaya Ib -Akhmedov 5 (Fig. 5.11). Une autre selle avec des plaques de ce type provenant de la nécropole de Vladimirskoe (Владимирское), tumulus 4, inhumation 2, dans les steppes de Volga (Fig. 6.13). C’est l’inhumation d’un enfant, le squelette allongé sur le dos, la tête à l’ouest. La tombe a livré des flèches, des mors, des appliques en bronze plaqué d’or et deux plaques de selle (Fig. 6). Tous les objets portent des traces de feu et la tombe contenait de petits morceaux de charbon et des résidus de cendre19. Le mobilier de cette tombe est caractéristique des sépultures steppiques de la Volga de l’époque posthunnique, telles que Pokrovsk-Voshod (Покровск-Восход), Pokrovsk, tumuli 17 et 18. Il contient notamment des appliques portant un décor au repoussé «en corde» (Fig. 6.7,8), ainsi que des appliques avec des images anthropomorphes (Fig. 6.9); les unes et les autres sont caractéristiques du milieu du Ve – première moitié du VIe siècle. Des tombes de nomades steppiques de l’époque post-hunnique ayant un mobilier comparable sont également attestées en dehors du bassin de la Volga. Il s’agit des tumuli 2 et 3 de Schipovo (Шипово) en Oural du Sud et la tombe VII de Novogrigorievka (Новогригорьевка) dans la région des rapides du Dniepr20. Une autre découverte provient également de la région de la Volga, mais celle-ci est liée à la population sédentaire ou sédentarisée de la civilisation dite d’Imenkovo (Именьково). Il s’agit de la tombe 46 de la nécropole de Komintern (Коминтерн) II, dans la région de la Volga moyenne21. La tombe / inhumation a livré une applique de selle du type Zasetskaya Ib (Fig. 7.27), un couteau, des mors de cheval, un récipient en céramique et des appliques de garniture de chaussures (Fig. 7). Les plaques-boucles et la garniture de chaussures (Fig. 7.4-6, 14-23) permettent d’attribuer cette tombe à l’époque post-hunnique. Selon A. Bogatchev, cette sépulture est datée du deuxième 172 18 BOTALOV, GUCALOV 2000; BOTALOV 2010. 19 SKARBOVENKO 1979; ZASETSKAYA 1994: 186, 187, Pl. 35. 20 ZASETSKAYA et al. 2007: 111-117. 21 KAZAKOV 1998. Michel Kazanski tiers du VIe siècle22. Les fragments d’une autre plaque de selle ont été mis au jour dans la tombe 42 de la même nécropole (Fig. 8.9). La tombe contenait notamment les arçons d’une selle en os (Fig. 8.4,5) et deux plaques-boucles de l’époque post-hunnique (Fig. 8.6,7). I. Akhmedov attribue cette plaque, d’après son décor, au même type que l’applique de la tombe 46. Cela est bien possible, mais à mon avis les fragments conservés sont trop petits pour permettre leur identification. Il faut noter que ces tombes contenaient, selon les coutumes funéraires steppiques, turques et ougriennes, un crâne et des pieds de cheval23. Une applique de forme triangulaire allongée, portant un décor cloisonné (Fig. 9.15), a été reconstituée par A. Ambroz dans le mobilier découvert à Galaïty (Галайты), en Tchétchénie24. Cette découverte fortuite25 contenait en outre des appliques de courroies, ainsi qu’une applique de selle en forme de segment allongé (Fig. 9.14), du type Zasetskaya IV (voir infra). Enfin, on peut citer une applique de selle, proche au type Zasetskaya Ib Akhmedov 5 provenant de Kertch (Fig. 10). Elle présente également une forme vaguement triangulaire allongée. Cet objet provient de collections anciennes et son contexte est inconnu26. Ainsi, d’après les parallèles cités ci-dessus, il est clair que les appliques de selle de Jalpug appartiennent à un type oriental, diffusé exclusivement à l’est de l’Europe (Fig. 4). Selon I. Akhmedov, ces appliques font partie d’un groupe « steppique » de selles27. En effet, pour l’époque post-hunnique qui nous intéresse ici, les appliques du type Zasetskaya IV -Akhmedov 4, 6, 7, en forme de segment, sont plus typiques pour l’Europe occidentale et centrale (Fig. 3). Elles sont attestées par exemple à Krefeld-Gellep, tombe 1782 et à Ravenne. On les connaît également dans le bassin pontique, à Olbia, à Kertch/Bosporos et à Diurso (Дюрсо), près de Novorossiïsk, à Galaïty en Tchétchénie (Fig. 9.14) et enfin, chez les nomades de la steppe, à Schipovo dans l’Oural28. 22 BOGATCHEV 2010: 157, 158. 23 KAZAKOV 1998: 100, 101. 24 AMBROZ 1989: Fig. 38.20. 25 BAGAEV 1977; BAGAEV, DAUTOVA 2013. 26 AKHMEDOV 2012: Fig. 3. 27 AKHMEDOV 2012: 32. 28 ZASETSKAYA, 1994: 46-48, Annexe 3.11-19; ZASETSKAYA, 1999: 348-350 ; ZASETSKAYA et al. 2007: 145; AKHMEDOV 2012: Carte 1. 173 DEUX APPLIQUES DE SELLE POST-HUNNIQUE PROVENANT DE JALPUG La situation géographique de la découverte de Jalpug détermine son appartenance au milieu des nomades steppiques. Malheureusement, on connaît assez mal les sites de la population steppique de l’époque post-hunnique au nord-ouest de la mer Noire. À part la découverte «princière» d’Olbia, dont l’origine est douteuse29, pour la deuxième moitié du Ve - première moitié du VIe siècle, on ne peut citer que trois inhumations : Seliște, tombe 48, en Moldavie, et Novaya Odessa (Новая Одесса), tumulus 1, inhumation 3 et tumulus 7, inhumation 4, sur le Boug méridional30. A. Komar a attribué ces tombes à une époque plus tardive, à partir de la deuxième moitié du VIe siècle. Cependant, comme le souligne A. Komar lui-même, les boucles ovales provenant de ces sépultures ont une datation plus large, qui englobe aussi la deuxième moitié du Ve et la première moitié du VIe siècle31. D’après les sources écrites, à l’époque après la chute de l’«empire» d’Attila, les steppes pontiques ont été occupées par ses fils32. Jordanès précise que Hernak s’installe dans la partie éloignée de la Scythie Mineure, tandis qu’Emnetzur et Ultzindur33 vivent en Dacia Ripensis34. Autour de 456 les fils d’Attila attaquent les Ostrogoths sur le Danube moyen, mais sont repoussés vers le Dniepr35. Un peu plus tard, en 466, Dintzic, le fils d’Attila, attaque des Goths en Pannonie, de nouveau sans succès. Parmi les peuples qu’il mène au combat, il y a des Ultzindurs. En outre, la horde de Dintzic 29 KAZANSKI 2017b: 72-76. 30 KOMAR 2008: 94, 95. 31 KOMAR 2008: 99, 100, Fig. 5.3,10; 6.3. 174 32 JORDANÈS: 263. 33 Priscus témoigne qu’au début des années 430, le chef hunnique Rua est entré en conflit avec des peuples du Danube: les Amilzours, les Itimars, les Tonozours et les Boisques, vivant sous la protection de l’Empire (PRISCUS, fr. 1). Il s’agit sans aucun doute de peuples du Bas-Danube, car l’affaire concerne Constantinople. À en croire Jordanès (JORDANÈS, 126), au moment de l’arrivée des Huns dans les steppes pontiques en 375, ces peuples vivaient quelque part sur le bord de la Méothide, soit en Crimée orientale, soit sur le Don inférieur. Jordanès cite, dans le même ordre que Priscus, les Alpidzours, les Alcildzours, les Itimars, les Tuncars et les Boisques. Dans cette liste, les Alpidzours et les Alcildzours, correspondent aux Amilzours de Priscus. Ainsi, Jordanès a très probablement emprunté sa liste chez Priscus. On peut trouver un autre nom ethnique similaire toujours chez Jordanès. Ce sont les Altziagiri, une tribu hunnique qui peuple les steppes de Crimée vers le milieu du VIe siècle (JORDANÈS, 37). On peut donc supposer, comme l’a fait A. Gadlo (GADLO 1979:14), que les Amildzours /AlpidzoursAlcildzours, les Itimars, les Tonozours et les Boisques sont venus sur le Danube inférieur des steppes de Méothide sous la pression des Huns. 34 JORDANÈS: 266. 35 JORDANÈS: 269. Michel Kazanski englobe aussi des Angiskires, des Bittugures et des Bardores36. Selon une opinion communément admise, les Angiskires sont un peuple germanique, tandis que les Bittugures et les Bardores sont d’habitude considérés comme des tribus hunniques. En ce qui concerne les Bittugures, leur nom apparaît, selon M. I. Artamonov37, sous la forme de Vittors / Vitgors chez Agatihias, avec la précision qu’il s’agit d’un peuple hunnique, dans la description de la phase finale de la Guerre Gothique en Italie38. Agathias évoque les peuples hunniques des Ultidzours et des Vurugoundoi (peut-être les Bardores de Jordanès?) qui existaient à l’époque de l’empereur Léon (457-474), pour disparaître plus tard39. On peut en conclure qu’après la mort d’Attila, les steppes pontiques étaient occupées essentiellement par des Huns, gouvernés par la descendance d’Attila. Cependant, vers 480-481, un nouveau peuple est attesté au nord-ouest de la mer Noire : les Bulgares. Selon la légende racontée par Paul Diacre, dès le début du Ve siècle, les Bulgares attaquent les Lombards40. À cette époque, les Lombards vivant quelque part en Germanie, au nord du Danube moyen, l’apparition de Bulgares dans cette région pourrait signifier qu’ils étaient intégrés dans l’alliance hunnique. Cependant, d’autres auteurs anciens ne les connaissent qu’à partir de 480, quand les Bulgares apparurent en force sur la frontière danubienne de l’Empire d’Orient. L’empereur Zénon appelle les Bulgares pour combattre les Goths41. Il apparaît donc que les Bulgares sont un peuple nouveau, attesté dans les steppes pontiques seulement après la chute de l’« empire » hunnique. Ils y sont mentionnés par Jordanès dans sa description géographie de la Scythie42, description qui remonte, à mon avis, aux années 480-52043. Les Bulgares seraient soit un peuple nouveau, venu de l’est vers 480, soit un clan / tribu, faisant partie des Huns pontiques, anciens habitants des steppes au nord de la mer Noire, mais qui a pris de l’importance et a pu soumettre d’autres Huns 36 JORDANÈS: 272, 273. 37 ARTAMONOV 1962 : 62. 38 AGATHIAS: II.13. 39 AGATHIAS: V.11. 40 PAUL DIACRE: I.16. 41 JEAN D’ANTIOCHE, fr. 211,4 ; cf. ARTAMONOV 1962: 80. 42 JORDANÈS: 36, 37. 43 KAZANSKI 2013. 175 DEUX APPLIQUES DE SELLE POST-HUNNIQUE PROVENANT DE JALPUG seulement vers 480. Ainsi, on peut conclure que la découverte «princière» de Jalpug peut appartenir soit aux Huns rescapés de l’«empire» d’Attila44, soit aux Bulgares. Bibliographie AGATHIAS Agathias Myrinaei Historiarum Libri Quinque, éd. R. Keydell, Walter de Gruyter, Berlin-New York, 1967. AKHMEDOV 2012 Ахмедов, И.Р., Металлические детали декора жестких седел Восточной Европы гуннского и постгуннского времени. 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Погребения знати из Приазовья и их место в истории племен Северного Причерноморья в постгуннскую эпоху, Издательство Государственного Эрмитажа, СанктПетербург. List of illustrations Fig. 1. Findings in Jalpug (after DZIGOVSKY, SAVELIEV 2013: Pl. 23, 24). Fig. 2. Saddle items from Jalpug (after DZIGOVSKY, SAVELIEV 2013: Pl. 23, 24). Fig. 3. Typology of saddle appliques (after ZESETSKAYA 1999: Fig. 7). Fig. 4. Scattering of the saddle appliques of the Zasetskaya 1b - Akhmedov 5 type: 1 - Jalpug; 2 - Kerch; 3 - Galaity; 4 - Vladimirskoe; 5 - Komintern II; 6 - Solonchanka I (after AKHMEDOV 2012: Map 1, with supplements). Fig. 5. Part of the items found in tumulus 1 of Solonchanka (after TAIROV 1999: Fig. 23-25). Fig. 6. Items found in tumulus 4, inhumation 2 of Vladimirskoe (after ZASETSKAYA 1995: Pl. 35). Fig. 7. Tomb 46 of the Komintern II necropolis (after KAZAKOV 1998: Fig. 36). Fig. 8. Tomb 42 of the Komintern II necropolis (after KAZAKOV 1998: Fig. 30). Fig. 9. Finding in Galaity (after AMBROZ 1989: Fig. 38.8-22). Fig. 10. Saddle applique from Kerch (after AKHMEDOV 2012: Fig. 3). according to I.P. Zasetskaya 179 DEUX APPLIQUES DE SELLE POST-HUNNIQUE PROVENANT DE JALPUG Fig. 1. La découverte de Jalpug (d’après DZIGOVSKY, SAVELIEV 2013: Pl. 23,24). 180 Michel Kazanski Fig. 2. Les éléments de la selle provenant de Jalpug (d’après DZIGOVSKY, SAVELIEV 2013: Pl. 23, 24). 181 DEUX APPLIQUES DE SELLE POST-HUNNIQUE PROVENANT DE JALPUG Fig. 3. La typologie des appliques de selle selon I.P. Zasetskaya (d’après ZESETSKAYA 1999: Fig. 7). 182 Michel Kazanski Fig. 4. La diffusion des appliques de selle du type Zasetskaya 1b - Akhmedov 5 : 1 - Jalpug ; 2 - Kertch ; 3 - Galaïty ; 4 - Vladimirskoe ; 5 - Komintern II ; 6 - Solontchanka I (d’après AKHMEDOV 2012 : Carte 1, avec des compléments). 183 DEUX APPLIQUES DE SELLE POST-HUNNIQUE PROVENANT DE JALPUG Fig. 5. Une partie du mobilier du tumulus 1 de Solontchanka (d’après TAIROV 1999: Fig. 23-25). 184 Michel Kazanski Fig. 6. Le mobilier du tumulus 4, inhumation 2 de Vladimirskoe (d’après ZASETSKAYA 1995: Pl. 35). 185 DEUX APPLIQUES DE SELLE POST-HUNNIQUE PROVENANT DE JALPUG Fig. 7. La tombe 46 de la nécropole de Komintern II (d’après KAZAKOV 1998: Fig. 36). 186 Michel Kazanski Fig. 8. La tombe 42 de la nécropole de Komintern II (d’après KAZAKOV 1998: Fig. 30). 187 DEUX APPLIQUES DE SELLE POST-HUNNIQUE PROVENANT DE JALPUG Fig. 9. La découverte de Galaïty (d’après AMBROZ 1989: Fig. 38.8-22). Fig. 10. L’applique de selle provenant de Kertch (d’après AKHMEDOV 2012: Fig. 3). 188